Conte Zen

Publié le par Étienne

J'eus la chance, lors d'un récent repas avec une amie, d'entendre de fabuleux contes orientaux. Cette dernière, géologue de profession, revenait d'un long séjour dans massif de l'Himalaya et les pays limitrophes. Cette amie, toujours avide de rencontrer la population des régions que son travail lui permet de parcourir, a été accueilli, durant son séjour dans les contrées tibétaines, chez une famille très attachée aux traditions et valeurs culturelles qui ont forgées l'histoire de leur peuple.

Ainsi, parfois, l'aïeul de la maisonnée prenait plaisir à raconter des histoires inspirées et marquées par le boudhisme. Durant ces moments, rien ne venait troubler l'atmosphère du lieu. À 2400 mètres au dessus du niveau de la mer, dans un village blotti au creux des montagnes, seul le silence et la clarté de la voie lactée venait bercer les auditeurs de ce conteur né. Le ton de sa voix et son discours narratif étaient à mille lieus des histoires de pêches de nos grand-parents. S'il fallait le résumer en un mot, on pourrait dire, au risque de véhiculer un stéréotype bien ancré, qu'il était zen.

L'un de ces contes est toujours très apprécié des auditeurs et est, semble-t-il, décliné en de nombreuses variantes. En voici une, telle que relatée par mon amie lors de ce dîner, de nombreux mois après l'avoir entendue là-bas :

« Deux jeunes hommes, amis comme les doigts de la main, virent un jour leurs chemins se séparer. L'un deux mena une existence paisible tandis que le deuxième devint rapidement célèbre grâce à un don qu'il exerçait avec parcimonie pour les causes qui lui semblaient justes. Ce don, fort peu commun, lui permettait de transformer, d'un simple toucher du doigt, les pierres en or. »

« N'allez pas croire, occidentaux (je crois que la précision était pour moi), qu'il n'avait qu'à toucher une montagne pour que celle-ci devienne d'or massif. Non, le procédé était long et demandait une longue période de méditation qui épuisait peu à peu les forces vives du jeune homme. De plus, la solitude dans lequel il vivait lui pesait. Sa souffrance était cependant compensée par la joie du don de soi. »

« Un jour, il vit arriver son ami de toujours.
- Je savais que tu reviendrais, lui dit-t-il, un sourire illuminant son visage.
- Je souffre, lui répondit ce dernier.
- Viens, méditons. »

« Les heures passèrent.
- Je souffre, lui répéta-t-il. »

« Les heures passèrent.
- Je souffre, murmura-t-il une troisième fois.
- Regarde, lui dit-il en lui montrant une pépite, je l'ai créée il y a longtemps et gardée pour toi car je savais que tu reviendrais.
- Merci. Des larmes glissaient le long de ses joues. Il sortit un couteau de ses vêtements. Merci mon frère, mais je vais me contenter du doigt. »

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